Revenir dans l’Église a pris du temps pour moi. Après avoir
été au cœur des associations catholiques quand j’étais étudiant (aumônerie, conseils
d’administration divers et variés, synode diocésain …), je m’étais éloigné …
Éloigné parce qu’il me semblait que ma vie ne correspondait
pas à ce qu’attendait de moi l’Église, éloigné aussi par peur des difficultés
que j’aurai pu rencontrer en devant expliquer ma situation de couple, j’avais
changé de ville, il fallait donc repartir de zéro. Éloigné parce que ma vie
spirituelle avait été balayée sous le flot de ma nouvelle vie.
Et puis, une fois cette vie-là bien en place, le désir de
renouer avec la spiritualité est apparu. Alors, brin par brin, j’ai cheminé. Les
personnes qui avaient été présentes dans ma vie étudiante étaient toujours à
mes côtés et ont joué un grand rôle dans ce chemin. Pendant longtemps encore, j’ai
été comme sur le parvis, à la fois dedans et dehors, sans oser vraiment rentrer,
souffrant de ne pas savoir où était ma place. J’ai trouvé des lieux, des
démarches qui m’ont convenu, qui m’ont permis de renouer, peu à peu avec la vie
de l’Église, avec les temps forts qu’on peut y vivre.
Depuis presque deux ans, je suis entré dans la vie de ma
paroisse. Timidement, d’abord, puis de plus en plus présent.
Je n’ai pas hésité à parler de ma situation, sans mentir,
sans tricher, sans chercher à m’excuser ni à pavoiser. Simplement témoigner de
ce que j’essaye de vivre sous le regard du Seigneur.
J’ai toujours été bien accueilli et j’ai pu partager la joie
de notre cheminement vers le mariage.
Aujourd’hui, ma question n’est plus de savoir quelle est ma
place, de savoir si j’ai le « droit » d’être là. La question ne se
pose pas en termes de droit. Cette question, au final est celle de la Grâce de l’amour
de Dieu. Et cette grâce ne dépend pas du droit. Elle ne dépend que de Dieu qui
l’offre à tous.
Aujourd’hui, alors que de plus en plus je retourne au cœur de
mon Église, de plus en plus, je m’attache à rester vigilant à ceux qui sont sur
le parvis ou même, bien plus loin.
Si mon histoire avait été autre, aurais-je su choisir de ne
pas m’installer dans le chœur mais sur le parvis ? Peut-être, bien d’autres
que moi le font. Mais, je me suis rendu compte à quel point être là, sur le
parvis peut avoir du sens pour moi.
Est-ce une démarche spécifique aux homosexuels ? Devons-nous
rester sur les parvis ?
Je ne crois pas à une façon de vivre l’appel de l’Évangile
qui soit propre aux homosexuels. Que chacun aille là où il se sent appelé :
vie conjugale, célibataire ou consacrée, sur les parvis ou dans le chœur.
Cet accueil dans ma paroisse, la place que j’y prends au fur
et à mesure, me permet d’être libre de choisir de rester présent aux « périphéries »
de l’Église. Même si, pour l’instant, cette présence est surtout un projet, c’est
bien sur ces chemins-là que j’ai envie de m’engager.
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