On m’a glissé dans
l’oreillette que certain.e.s attentaient avec impatience des nouveaux posts.
C’est vrai que ça fait longtemps maintenant. C’est vrai aussi, que ce n’est pas
facile pour moi, étant donné mon engagement en faveur de la loi ouvrant le
mariage aux couples de même sexe, de rester simplement sur la posture de témoin
que je veux avoir ici. Mais, si je ne suis pas témoin, aujourd’hui de ce que je
vis en tant que croyant et homosexuel, je ne sais pas quand je pourrai l’être.
Pour rester dans le témoignage et éclairer les débats actuels d’une lumière qui
rappelle les enjeux humains, j’ai choisi de faire des portraits de familles.
(Oui, au pluriel, il va falloir s’y faire). Les personnages que je décris ici
sont issus de personnes de mon entourage. J’ai changé leurs prénoms et puis j’y
ai mis de ma plume. Ce ne sont donc plus exactement ceux qui m’ont inspirés,
mais ils en restent assez proche …
Bon promis, pour le
prochain billet, j’essaie de faire plus rapide.
Jérôme
a près de 40 ans. Il est hétéro et engagé fortement pour le mariage pour tous.
Pourquoi ? Parce que, élevé depuis ses six ans par son père, il n’a jamais
compris pourquoi il fallait cacher certaines choses, ne pas tout dire à tout le
monde. Son grand secret ? Simplement, que son père, après avoir divorcé,
s’était mis en couple avec un autre homme. Jérôme a vécu toute son adolescence
en jouant à ce jeu de l’entre deux : savoir à qui on peut dire quoi.
Adulte et libre de parler, il s’engage aujourd’hui pour dire qu’il n’a pas
souffert d’avoir un père homo et que les enfants de familles homoparentales ne
sont pas différents.
Ce
matin, en venant lever Samuel, sa maman a pu lui annoncer une merveilleuse
nouvelle. Grâce à l’amendement voté cette nuit, il va pouvoir revoir son grand
frère. Corine et Justine, les deux
mamans ont vécu plusieurs années ensemble. Elles ont acheté un appartement et
ont voulu fonder une famille. Chacune d’elle a porté un enfant, tous deux issus
d’un même donneur. La vie a poursuivi son cours et ce qui arrive parfois (même
aux couples hétéro) leur est arrivé : elles se sont séparées.
Malheureusement, là où la loi protège les enfants dans les couples hétéros,
elle nie l’existence et donc la protection des familles homo. Les homos n’ont
rien à envier aux hétéro : la séparation se passa mal avec, au final, la
séparation pour les enfants aussi. Seule une procédure longue aurait peut-être
permis des retrouvailles. Mais ce matin Samuel a le sourire : il va
retrouver son frère.
Pauline,
elle aussi, a deux mamans. Enfin, une maman et une Moune. En ce moment, des
messieurs qui passent leur temps assis à crier sont en train de voter une loi
qui va permettre à ses deux mamans de se marier. Mieux encore, sa Moune va
pouvoir l’adopter. Même si on n’ose encore totalement y croire – malgré les
avancées réelles à l’assemblée – les préparatifs commencent à s’échafauder dans
les têtes. Et, pour toutes les trois, le grand moment ce ne sera pas seulement
le mariage, mais aussi l’adoption, parce que c’est de cette manière que leur
famille sera totalement reconnue. Alors, ils peuvent bien continuer à crier les
messieurs sur leurs bancs, Pauline sait que les deux dames et le monsieur avec
les lunettes font tout pour que sa famille soit enfin reconnue.
Enfin,
moi aussi je suis avec attention tous ces débats, parfois blessé aussi par
certaines vociférations et par des mécanismes politiciens. Je suis ces débats
parce que je ne sais que trop les fragilités pour les enfants de l’absence de
loi. Je les revois, ces enfants, s’égaillant en pagaille autour de leurs
parents dans l’attente du spectacle de l’arbre de Noël. Je n’ai vu, autour
d’eux, que des parents responsables, éducateurs, aimants et protecteurs.
Elevant leurs enfants quel qu’il soit, y compris dans des situations de
handicap ou de maladie. Évidement, j’attends aussi pour mon couple la
possibilité du mariage civil, dans la maison commune et en présence de
l’officier d’état civil ceint de son écharpe tricolore.
Et si
aujourd’hui je demande à la République de donner les même protections et la
même reconnaissance à tous ces enfants, ces couples, bref, ces familles, c’est
parce que j’ai l’intime conviction que Dieu regarde toutes ces familles avec le
même regard d’amour.
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