lundi 15 juin 2015

À Taizé




Oh, pas grand-chose n’a changé là-bas, à Taizé. Il y a toujours autant de jeunes, toujours des louches de nourriture servie dans des assiettes en plastique, toujours les chambrées de 4 ou 6 et bien sûr, toujours les chants et le silence.
Alors bien sûr, nous, on a grandi. Enfin, à nos âges, on dira même qu’on a vieilli. Et il faudra bien se rendre compte que les jeunes que l’on accompagne – un peu par hasard – n’étaient pas nés la dernière fois qu’on est venu ici.
Mais à Taizé, il y aussi une Présence palpable. Non qu’elle ne soit pas ailleurs ! Mais quand même, on Le retrouve si facilement, ici !
Et bien même quand on est juste assis sur une chaise posée dans l’herbe, quand on est juste à attendre la prière du matin parce qu’on s’est levé trop tôt. Même là, alors qu’on n’est pas vraiment en prière, même là, Il sait nous trouver.
Il n’était pas là dans une tempête, encore moins un tremblement de terre. Ni même un murmure, à peine un souffle. Il m’a juste donné de revoir, tout simplement, ce qu’Il m’avait déjà donné.
Dieu nous appelle et pour ceux d’entre vous qui ont su se taire assez pour entendre cet appel, ce que je vais dire fera certainement écho.
Il m’appelle moi ? Comment dire que c’est toujours un choc, une surprise ? Et pourtant, Il ne cesse de m’appeler, en vérité, tel que je suis, sans concessions et Son appel vient se poser précisément là où Son amour pour moi est le plus grand. Il vient me rappeler que, comme tout chrétien, j’ai à témoigner de Son amour pour tous. Et comment dire que mon histoire redit à quel point cet amour est pour tous ?
Et alors que je n’ai même pas le temps de formuler un « comment ? », me sont redonnés tous ces textes qui m’ont marqué à un moment ou un autre de ma vie de foi :
Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. (Mt 8 ; 19-22)
Ne prenez ni bourse ni sac, ni chaussures ; ne vous arrêtez pas en chemin. (Lc 10 ; 4)
Et tant d’autres textes où le Christ n’arrête pas d’aller et venir, par monts et par vaux, essayant de se mettre à l’écart de la foule, fuyant sur le lac et puis accueillant tous ces frères à bras ouverts.
Tous ces textes qui m’ont été donnés à un moment à un autre me disent :
« Va sur les chemins, ne t’arrête pas, avance ! »
Bien sûr, ce pseudonyme de Marcheur n’est pas là pour rien : il dit déjà cet appel que j’ai reçu.
Marcher, c’est quelque chose qui a toujours fait partie de ma vie, depuis ces chemins d’écolier, tous les matins, admirant la nature et le paysage, jamais exactement le même.
Marcher, c’est aussi pour moi une façon de prier. Laisser le corps prendre son rythme, laisser le regard rendre grâce pour la Création, prendre le temps de laisser Dieu nous parler dans cette harmonie, quelle méthode de prière que la marche !
Par chez moi un centre spirituel propose chaque mois de marcher pour prier. J’en suis un fidèle (même si j’ai été moins présent ces derniers temps) et j’ai su aussi, simplement, être déjà là témoin de ce que l’amour de Dieu a fait dans ma vie.
Marcher dans la prière, c’est aussi le désir de partir pour St Jacques qui devient de plus en plus présent et que je commence tout doucement à vouloir organiser.
Marcher, c’est aussi bien sûr cheminer, ne pas s’établir, continuer à douter et à chercher Dieu.
Et pour moi qui portais depuis quelque temps cette question « où est ma place dans cette Église ? », le Seigneur me répond : « Va sur les chemins, ne t’arrête pas, avance ! ».
Et alors que, pour de vrai, je commence à trouver une place dans ma paroisse, le Seigneur me répond : « Va sur les chemins, ne t’arrête pas, avance ! ».
Non pas qu’il me faille à tout prix tout quitter, mais que je sache ne pas chercher un cocon pour me mettre au chaud, que je sache rester sur les parvis, aux périphéries, là où j’ai quelque chose à dire à ceux qui sont dehors, et à ceux qui sont dedans.
Alors, dans ces trois jours de Pentecôte à Taizé, il y eu plein d’autres belles choses.
Il fut question d’être le sel de la Terre, de faire comprendre à des ados en quoi, eux aussi étaient sel pour le monde. Ils ont eu du mal, vraiment, à y croire, alors même que l’intervenant avait rappelé à quel point les auditeurs du Christ étaient tous de simples humains comme nous. Et quand je finis par leur dire qu’ils avaient été pour moi, un peu le sel de ce week-end (mimant le geste de saler un plat), je vis un regard s’éclairer : « tu veux dire que ça donne du goût ? »
Il y a eu encore plein de raisons de voir cet Esprit de Pentecôte nous permettre de nous comprendre malgré la barrière de la langue.
Il y a eu aussi l’occasion de faire le bilan sur ce que j’ai pu vivre depuis cette dernière fois à Taizé et toutes ces questions que je portais encore.
Ces trois jours m’ont remis en chemin. Comme toujours, c’est difficile de garder cet élan une fois revenu dans nos pénates et que l’on retrouve le chat qui ronronne au coin du feu. Il n’empêche que ce temps me rappelle qu’il y a une porte à passer, et une route qui continue, sans fin.

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